Ça (en) pince sous le sapin.

– Mais tu m’as fait mal ! hurle cette gourde de Sophie, en prenant son air courroucé qui lui donne une tête de mérou. C’est fou comme elle peut me foutre les boules, comme on dit vulgairement. Mais ce que j’ai envie d’être vulgaire, vous pouvez pas savoir. Remarquez, c’est un comble, cette histoire de boules, la tête prise entre une guirlande clignotante, deux cristaux de neige en plastique transparent et une bestiole genre « renne du père noël », en bien plus moche et ça fait un bail que je n’y crois plus. Mais qu’est-ce que je fous là, accroupi avec les autres, attendant patiemment qu’Alfred veuille bien immortaliser l’instant de cette mémorable réunion de famille. J’envie le petit Jésus, dans la crèche à mes pieds, peinard dans sa mangeoire, bien calé entre l’âne et le bœuf. Je suis sûr qu’il fait semblant de dormir pour qu’on le laisse tranquille. En même temps, vu ce qui l’attend par la suite… Il m’aiderait presque à relativiser. Je dis bien « presque »…

Remarquez, j’aurais peut-être mieux fait de simuler un truc comme une maladie ultra contagieuse et de rester sous la couette. Au lieu de ça, je me retrouve accroupi, donc, un sourire crétin aux lèvres qui commence à me crisper la mâchoire d’attendre, comme ça, qu’Alfred veuille bien terminer sa mise au point. Celui qui lui a offert l’appareil aurait mieux fait de s’abstenir. En plus, j’ai mal au ventre, ça gargouille d’un trop plein de dinde, de buche, de marrons, de gambas …. Je ne sais même plus l’ordre et je n’ose pas imaginer le mélange là-bas dedans.

Sophie finit par se lever en me lançant un regard noir pour aller aider notre artiste photographe. J’ai presque envie de rire car elle n’est même pas foutue de se servir de la machine à laver qui compte quatre boutons différents. Je dis bien « presque »….

– Hey, c’est bon, Paul, tu pourrais sourire ! C’est pas parce que j’ai dit à tout le monde que tu couchais avec la voisine qu’il faut faire la tronche ! c’est noël, merde !

Tout le monde pouffe, s’esclaffe, tonton Gustave me met une grande tape dans le dos avec un clin d’œil et là, du haut de mes 17 ans, je la hais, vraiment, ma sœur.

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